Présentation

La création des musiques d'Église en France aux XVIIe et XVIIIe siècles. Acteurs, composition, interprétation, circulation et réception.

Soutenu par l'Agence Nationale de la Recherche dans le cadre de l'appel à projet La Création : Acteurs, Objets, Contextes (décembre 2008-juin 2013).

Coordinateur du projet : Bernard DOMPNIER, Professeur d'histoire moderne à l'Université Blaise-Pascal (Clermont–Ferrand 2), Membre senior de l'Institut universitaire de France.

Partenaires et répartition des thématiques :

  • 1. Centre d'Histoire « Espaces et Cultures » (EA 1001), Clermont-Ferrand (Université Blaise-Pascal) : Le métier de musicien. Histoire sociale et culturelle des personnels employés par les cathédrales et les collégiales au XVIIIe siècle (responsable : Bernard Dompnier).
  • 2. Institut de Recherche sur le Patrimoine Musical en France (UMR 200), Paris (CNRS / Bibliothèque nationale de France / Ministère de la Culture) : Une création fortement contrainte. Normes et codifications de la musique d'Église (responsable : Cécile Davy-Rigaux).
  • 3. Institut de Recherche sur la Renaissance, l'Âge classique et les Lumières (UMR 5186), Montpellier (CNRS / Université de Montpellier 3) : Le maître de musique : une histoire culturelle entre discours de la Tradition et pratiques traditionnelles (responsable : Xavier Bisaro).
  • 4. Atelier d'études sur la musique française des XVIIe et XVIIIe siècles (UMR 2162), Versailles (Centre de Musique Baroque de Versailles / CNRS / Ministère de la Culture) : La circulation des modèles et l'innovation dans les musiques d'apparat (responsable : Jean Duron).
  • 5. Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures, (EA 4178), Dijon (Université de Bourgogne) : Sensibilités et musique d'Église. Débats et combats (responsable : Thierry Favier).

Nature du projet :

La connaissance de la musique d'Église des XVIIe et XVIIIe siècles est placée en France sous le signe d'un étrange paradoxe. Depuis plusieurs décennies, un réel engouement du public pour « le baroque », dont témoigne le succès des enregistrements discographiques ou des festivals, accompagne le mouvement de relecture d'œuvres connues et de redécouverte de compositeurs oubliés. Des chefs et des ensembles proposent des interprétations placées sous le signe de l'authenticité, utilisent les instruments anciens et tentent de remettre à l'honneur les pratiques instrumentales et vocales en usage au moment de la composition et de la réalisation des pièces, ce qui constitue une recherche en soi.

De son côté, la recherche académique dans les disciplines intéressées est loin d'avoir avancé du même pas. La plupart des études ne concernent que les figures de proue du répertoire et privilégient les productions et les genres de la musique profane. Il apparaît que le domaine de la musique d'Église, sans être totalement négligé, n'a pas encore suscité des travaux à la hauteur de la place qui était la sienne dans la création du temps : tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, dans les 130 à 136 cathédrales du royaume, comme dans un grand nombre d'églises collégiales ou pour des couvents, des maîtres ont composé de manière continue, sensibles aux évolutions culturelles et esthétiques, mais aussi tenus par les contraintes du cadre d'exercice de leur activité, nourrissant leur création de la circulation de modèles et de l'expérience acquise par leur fréquente itinérance.

Conduit par des historiens et des musicologues travaillant en étroite association, ce projet de recherche se donne pour ambition de comprendre en profondeur les mécanismes et les enjeux de ce secteur de la création, en l'appréhendant dans sa globalité, sans se restreindre aux compositeurs et aux œuvres les plus notoires. La recherche, qui intègre les aspects compositionnels dans leur interaction avec les contextes culturels, sociaux, voire économiques et politiques, se propose aussi de définir les conditions propres liées à sa dimension cultuelle. Plus fondamentalement sans doute qu'en d'autres de ses secteurs, la création, qui est au cœur de ce projet de recherche, procède d'une « interaction entre mémoire, tradition et invention ». Outre son intérêt scientifique, ce projet entend avoir des effets directs sur les productions de ces musiques dans le contexte culturel d'aujourd'hui.