Corpus musicaux d'usage

(Cécile Davy-Rigaux, Nathalie Berton-Blivet, Fabien Guilloux, Benoît Michel, Marie Demeillez)

Le cursus liturgique est précisément défini dans sa structure (messe, offices des heures) et dans ses textes, dont les diverses structures et fonctions cérémonielles conditionnent l'emploi des formes sonores et des écritures musicales. Ces textes, toutefois, ou leurs emplois, peuvent varier localement (offices spécifiques de dévotions ou de saints locaux, spécificités monastiques) et ont même parfois fait l'objet de grands bouleversements sous l'effet des réformes dites néo-gallicanes à partir de la fin du XVIIe siècle. Par ailleurs, certains d'entre eux sont aussi employés pour des parties hors cursus ou ad libitum de la liturgie (saluts, expositions du Saint-Sacrement, processions, cérémonies extraordinaires…), où la musique trouve une plus grande marge de liberté. Il s'agit donc ici de recenser et analyser des sources d'usage, qui permettront par la suite d'évaluer la variété des propositions d'agencement de ces derniers pour répondre à ces diverses contraintes et aux différents publics auxquels sont destinées leurs œuvres (chapitre capitulaire, paroisse, couvent masculin ou féminin).

Les corpus musicaux manuscrits ou imprimés attestant d'un ou plusieurs usages locaux (en dehors de la Chapelle royale), qui sont les plus susceptibles de répondre finement à ces interrogations nous sont parvenues en petit nombre et sont encore largement méconnues des chercheurs. Nous répertorions ainsi actuellement 7 corpus destinés à des églises séculières, dont certains semblent avoir appartenu à des compositeurs (ex. : fonds Merle), 13 corpus à usage de couvents, et 3 corpus dont l'analyse devrait permettre de mieux préciser le type de destinataire, pour l'instant inconnu. Les genres représentés en sont extrêmement variés (motets, faux-bourdons, plains-chants anciens ou nouvellement composés, pièces d'orgue). Cet ensemble fera l'objet d'une description analytique fine complète incluant la prise en compte de l'articulation des œuvres avec leur contexte liturgique ; les résultats de ce travail seront mis à la disposition de l'ensemble du groupe de recherche, dans un premier temps, puis d'un public plus large (musiciens, chercheurs), par la publication d'un catalogue analytique.