Le discours sur la musique religieuse (XVIIe-XVIIIe siècles) : polémiques et controverses

Le discours sur la musique religieuse (XVIIe-XVIIIe siècles) : polémiques et controverses
3-4 avril 2012, Université de Poitiers
dir. Sophie Hache (U. de Lille-III), Pierre Saby (U. Lyon-II) et Thierry Favier (U. Poitiers)

La première journée d'études visait à préciser la consistance critique et littéraire des articles de presse évoquant la musique religieuse et à montrer comment les différents périodiques se positionnaient par rapport aux institutions, aux musiciens et à leurs productions. Elle envisageait donc, à travers un media unique, des discours journalistiques aux finalités et aux objets très divers. Les deux journées suivantes ont adopté le principe inverse et ont été resserrées autour d'une thématique unique, celle du discours polémique, en fonction des différentes formes d'écrits qui le portent et des contextes dans lequel il est produit.

On s'est intéressé en premier lieu aux objets de ces polémiques – critique des chantres ou des maîtres de musique, critique du chant d'église, problème de l'introduction des instruments dans les offices, cérémonies extraordinaire, statut du concert public, etc. – et aux enjeux qu'ils cristallisent. Au-delà des personnes, des corps, des cérémonies, des œuvres ou des répertoires visés, on s'est attaché à dégager la nature de ces enjeux, à travers les références à la théorie musicale mais aussi aux pratiques, aux lieux et à leurs usages, à la tradition de l'Église et à ses interprétations ou aux différentes traditions philosophiques et morales.

Cette démarche invite à poser la question du statut des intervenants et des types d'écrits qu'ils choisissent ou qui s'imposent à eux, afin de mettre en évidence la part prise aussi bien par les psychologies individuelles que par les fonctionnements de corps. Le lien entre les intervenants et les écrits peut être étendu aux formes même du discours. En considérant les sources manuscrites aussi bien qu'imprimées, on peut analyser, par exemple, un large éventail de procédés rhétoriques, concernant le statut des autorités, les effets de légitimation ou la valeur donnée à l'exemple.

Au-delà de sa traduction écrite, le discours polémique témoigne d'une pratique sociale. Pour l'appréhender dans sa dynamique, il est nécessaire de comparer ses conditions d'émergence et de développement. Une telle préoccupation génère un ensemble de questionnements qui touchent à la relation entre les intervenants et leur milieu social : pourquoi lancer une controverse ? Quelle chaîne relie les acteurs d'une même querelle ? Quels sont les réseaux mis en œuvre pour lancer une attaque ou lui répondre ? Quelles solidarités sont alors mises en jeu ? Peut-on distinguer entre simples relais, commanditaires ou francs-tireurs ? Plus largement, les prises de position relèvent-elles des lignes de partage qui traversent et organisent l'Église aux plans hiérarchique et spirituel ou bien tendent-elles à en brouiller la lecture ?

Enfin, se pose la question de l'impact de ces polémiques. Quelles modifications ont-elles entraîné dans les relations entre les protagonistes, ou entre ceux-ci et leur public ? Quelle influence ont-elles pu avoir sur les affaires religieuses, sur les pratiques musicales ou sur la création ? En quoi ont-elles modifié les modes de pensée ou les sensibilités ?

PDF - 91.5 ko

Programme